La vaisselle se mange!!

Du nouveau dans la vaisselle.

Vous ne rêvez pas, on peut manger sa vaisselle ! Enfin pas encore dans notre cuisine mais dans certains lieux et dans certains pays. La vaisselle est ce qui contient notre nourriture. Vous avez le choix entre la vaisselle classique, le plastique, le carton ou le mangeable. Comment réduire le volume des poubelles et limiter les polluants en adaptant notre vaisselle à nos besoins ? Le pour et le contre, réflexion sur la course à l’innovation en écologie.

Avantages et inconvénients

• La vaisselle traditionnelle

Nous sommes d’accord pour dire que dans nos cuisines, il ne nous viendrait pas à l’idée de troquer sa vaisselle en porcelaine, en grès, en verre, en faïence, pour du plastique ou du carton. Mais les restaurants d’entreprises, de collectivités, ou les chaines de restaurants et les indépendants,  peuvent avoir envie de se démarquer ou d’innover (et de faire plus de profit !). Pour cela les designs sont riches de couleurs, de formes et de textures. Bien sûr cette vaisselle est réutilisable et lavable, elle peut durer longtemps. Inconvénients : elle prend de la place à stocker et peut limiter les envies de fantaisie pour la présentation des plats. La vaisselle traditionnelle en restauration est souvent lourdes (article : http://www.sudouest.fr/2017/09/20/fin-des-assiettes-en-plastique-dans-les-cantines-de-bordeaux-les-collegues-souffrent-de-maladies-professionnelles-3792750-2780.php) et transporter des centaines d’assiettes par repas tous les jours devient de la manutention qui peut provoquer des troubles musculo-squelettiques (douleurs invalidantes). Cette vaisselle n’est pas recyclable même celle en verre. Mais pourquoi le verre de cuisine cassé n’est pas recyclé ? Le verre culinaire et la vaisselle « en verre » ont bien souvent une composition chimique différente du verre d’emballage (bocaux, pot confiture…) qui rend impossible leur intégration dans les fours verriers. Cette matière fond à une température beaucoup plus élevée que le verre d’une bouteille et si elle est mélangée au verre d’emballage le produit fini après recyclage a des défauts qui dévalorisent le produit fini. La vaisselle courante génère peu de pollution par son mode de fabrication et sa longévité.

Vaisselle en grès.

• Le plastique

La vaisselle plastique a différentes qualités selon son utilisation. Pendant de nombreuses années le plastique a supplanté toutes les matières pour la vaisselle jetable, les emballages… Il est léger, résistant, coloré et s’adapte facilement à toutes les formes demandées par les industriels. Fini les vaisselles interminables et les verres cassés ! Mais avec les nouvelles recherches, que ce soit du plastique souple ou rigide, il est soupçonné de faire migrer des particules toxiques dans les aliments sous l’effet de la chaleur …Les différentes études ne tranchent pas vraiment, mais l’ARS (Agence régionale de santé, établissement public administratif de l'État français chargé de la mise en œuvre de la politique de santé dans sa région) préfère conseiller d’éviter les matières plastique en contact avec l’alimentation. Le bisphénol A (perturbateur endocrinien), le fameux par qui est arrivé le scandale, n’est interdit que depuis 2015 en France dans les plastique alimentaires mais il en reste dans d’autres emballages. (Lire l’article : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/16/le-bisphenol-a-classe-extremement-preoccupant-par-l-europe_5145840_3244.html). La vaisselle plastique ne se recycle donc pas, elle augmente le volume des déchets plastiques et la pollution. 

La pollution des plastiques

• Le carton

Le plastique ayant mauvaise presse le carton reprend les parts de marchés perdues au fil des années. Fini les déchets en plastique après un repas pris dans de la vaisselle jetable en carton ou en plastique (non recyclable). Le carton est moins polluant puisqu’il n’est pas issu du pétrole mais de matières recyclées ou durables comme le bois. Faut-il encore que les industriels participent à la gestion durable des forêts. Il est facilement recyclable. Les cartons ondulés brun de grande dimension ou en grande quantité sont acceptés en déchetterie et sont recyclés. Il ne faut pas les mettre à coté ou dans les conteneurs de recyclage car ils peuvent se bloquer la machine qui recycle. Revenons à nos moutons d’assiettes en carton. La majorité des assiettes en carton vendues en grande surface ne sont pas recyclables à cause de la fine pellicule qui le rend étanche aux graisses. Cette fine couche n’est pas recyclable de par sa composition, de plus elle est difficilement séparable du carton. Des progrès ont été fait et on peut désormais trouver des assiettes faites à partir de carton recyclés et recyclables.

Assiette en carton

• Les alternatives mangeables

En Inde un chercheur en agriculture a mis créé en 2011 des couverts comestibles qu’il vend par million. Narayana Peesapaty (très populaire sur le net), produit des cuillères comestibles vegan, cacher et biologiques. Tout ça grâce à de la farine de millet, de riz et de blé mais aussi sans conservateur ni OGM (ouf ! reprendre son souffle !). Il a étendu sa production à divers autres ustensiles. Ils sont aromatisés au céléri, curry, menthe (etc) pour s’adapter au plat salé ou sucré selon les goûts. Les objets sont conçus pour durer trois ans s’ils sont conservés dans un placard et biodégradables en cinq jours (au cas où vous n’auriez plus assez faim pour les manger). C’est formidable direz-vous !! Oui mais quand même pas terrible. Produire des céréales bio pour faire des couverts nutritifs…ce ne serait pas plus simple de nourrir directement les gens avec ? Très bien il élimine le plastique polluant mais n’est-ce pas un peu étrange? On utilise des sources de nourriture pour un usage détourné alors que des millions de gens meurent de faim! Ils ne vont pas se nourrir de couverts…

Une entreprise Indonésienne propose des emballages alimentaires à base d’algue. Les agriculteurs d’algues sont mieux rémunéré qu’avant. Cet essor contribue à l’amélioration du niveau de vie et à la scolarisation des enfants. La valeur nutritive des algues est connue et si ces emballages ne sont pas mangés ils se dégradent en 30 jours sans pollution. L’Indonésie est considérée comme le deuxième plus gros pollueur en plastique du monde. Cette innovation pourrait contribuer à l’assainissement des cours d’eau et des côtes.

Et chaque année de nouvelles trouvailles sont annoncées. Elle ne concerne que quelques clients et non le grand public. Pourtant si ces emballages comestibles devaient se populariser, il faudrait savoir leur qualité en tant qu’emballage et en tant qu’aliment. Pas sûr qu’après avoir dégusté un bon plat on est très envie de manger un contenant fait avec de la peau de pomme de terre ou des algues !

Le pionnier en 2012 est américain, David Edwards qui invente la WikiCells ou perles comestibles. L’enveloppe est un produit naturel. Les perles sont sympas pour l’anecdote mais elles ne contiennent que des mousses, des émulsions ou du liquide. Où sera le plaisir du croquant ou du croustillant ?

En 2013, les deux jeunes entrepreneurs belges lancent leur start-up Do Eat. Ils ont mis au point des verrines mangeables. Elles sont composées de 50% de peau de pommes de terre belges. Ces « déchets » sont remployés pour refaire un truc qui se mange. Quels sont les procédés et les conditions d’hygiène ?

A l’Université Paris-Sud des jeunes chercheurs ont révolutionnés la canette. Leur innovation a permis de créer des poches sphériques à base d’algues pour les liquides, des canettes en algues. Elles peuvent se manger ou se décomposer comme du compost. Fini les pub pour les marques internationales. Ces canettes intéressent  des chefs comme Thierry Marx et la NASA. Tous ces emballages pourront être désormais aromatisés ! Comment ? Mystère…

Fin des canettes en acier.

• Comment ces emballages mangeables protègent l’aliment qu’il contient et comment le stocker avant consommation ?

Ce qu’on mange est emballé avant d’être consommé ou cuisiné, en dehors de la production de son jardin ou des achats sur les marchés où on fournit son emballage. Ces nouveaux contenants ne peuvent pas voyager en camion pèle mêle dans la remorque ! Il faudra bien trouver un emballage de stockage et de transport. Ils doivent être protégés des chocs et des éléments étrangers impropres à la consommation… Donc ils ne réduiront pas le gaspillage d’emballage et ne favoriseront pas la diminution des déchets. Où trouverons-nous les informations obligatoires sur les emballages comestibles ? Le CNE (Conseil National de l'Emballage) déclare "Dès lors qu'un produit est comestible, il devient un produit, et non un emballage."

Le restaurant parisien le « Bol de Jean » (ouvert en 2015) propose un bol en pain qui accompagne le plat. Jean Imbert, le jeune chef vainqueur de Top Chef (M6) en 2012 et l’artisan boulanger Eric Kayser ont travaillés pendant plus de deux ans sur un concept très spécial : un bol en pain qui peut contenir des sauces liquides. C’est le principe du vol au vent et du sandwich mais avec des plats en sauce. Plus d’assiette et de vaisselle superflues, le contenant devient la nourriture et s’intègre au plat.

Compostez!

Maintenant on trouve des assiettes, des couverts, des gobelets, compostables ou recyclables, en bambou, en feuille de palme à des prix très abordables. On en trouve en grande surface, chez Cora notamment. Cette dernière solution est un bon intermédiaire pour les fêtes des particuliers et les petites réceptions.

N’oublions pas les traditions comme manger avec ses doigts dans un plat collectif ou dans une galette ou  sur une tranche de pain comme les Gaulois ! Toutes ses façons proposer la nourriture peuvent trouver leur place dans le monde selon les cultures : manger dans la rue, manger au restaurent ou chez soi. Le contenant qui se mange existe depuis des siècles, il est remis au goût du jour par la technologie. Le temps nous dira ce qui restera après l’élimination des plastiques polluants.