Qu'est-ce qu'un baume efficace?

Baumes et autres pommades

Biquette Savon a sorti  son premier baume en octobre. Puisque je travaille de façon honnête et réglementaire toutes mes matières premières sont contrôlées. Le produit fini est validé par un toxicologue pour avoir l’autorisation de mise sur le marché. Etant artisan savonnier je ne plaisante pas avec la réglementation. Alors c’est quoi un baume, quelle est sa définition ? On trouve des baumes artisanaux chez beaucoup de savonniers et je ne fais pas exception. Le baume ne fait pas parti de la palette indispensable des produits de savonnerie mais c’est un super cosmétique. En effet sa préparation n’a rien de commun avec le principe de saponification des savons à froid ou à chaud. La conception d’un  baume est très simple, le principe de base c’est de la cire et de l’huile ! L’huile n’est pas utilisée simplement, elle est chargée des bienfaits de certains végétaux par macération. A la différence des savons ce n’est pas un produit rincé donc la peau va absorber un maximum de ce qu’on lui donne puisque le temps de contact est long. La qualité des matières premières utilisées est très très importante.

La base du baume : le macérât huileux

Pour faire un baume il faut tout d’abord préparer son huile pour au final obtenir un baume efficace. L’huile végétale devint le support des principes actifs de la plante. La macération est utile pour obtenir les propriétés d’une plante dont on ne peut pas faire directement une huile par pression. La qualité et le lieu de cueillette sont importants pour éviter les résidus de pesticide, de particules fines des véhicules, des pollutions de la terre. Sélectionnez bien votre lieu de récolte si vous vous lancez dans la conception de baumes chez vous. Chez Biquette Savon on est en pleine nature à l’écart de tout on récolte nos plantes !

Baume de notre consoude

Les macéras huileux sont préparés depuis l'antiquité. Ils sont utilisés aussi bien en usage externe qu’alimentaire. Un des plus connus et des plus anciens est l'huile de Millepertuis dont on retrouve la trace chez les Romains. Ici on ne parle que pour l’usage cutané externe.

Le principe du macérât est simple. On récolte des plantes ou des feuilles ou des fleurs ou des bourgeons ou des racines selon l’effet recherché. On les recouvre d’huile végétale de préférence bio et 1ere pression à froid. N’oubliez pas que vous allez retrouver les principes et les composants de votre macérât sur votre peau. L’huile se comporte comme un solvant car elle va absorber les éléments liposolubles (qui se dilue dans un corps gras) contenus dans la plante comme les acides gras essentiels, les vitamines…

La méthode la moins énergivore pour faire macérer son mélange huile+plante,  reste celle à froid (tient comme en saponification à froid pour les savons !). Puisqu’on ne chauffe pas vraiment le macérât il va conserver toutes les propriétés et éléments chimiques qu’on recherche. On met ses plantes sèches dans un bocal stérile et on recouvre d’huile végétale puis on referme. Ce bocal sera laissé à température ambiante ou au soleil. Avec le soleil attention aux UV qui vont accélérer l’oxydation de l’huile ou altérer les principes actifs de la plante. Afin d’éviter cela on enveloppe  le bocal d’un sachet kraft.

Ce procédé de macération demande une durée d'imprégnation longue de l'extrait végétal par le corps gras (entre 3 et 4 semaines). Passé ce délai il faut filtrer l’huile et la conserver dans un flacon en verre coloré ou à l’abri de la lumière pour une meilleure conservation. Bien entendu il est important de l’étiqueter avec son nom et la date de fabrication.

Petite précision sur le choix de l’huile de macération. Elle a son importance elle aussi car vous allez cumuler les effets de la plante et de l’huile. Choisissez une huile de  bonne stabilité à température ambiante, et un faible potentiel d'oxydation, garantissant ainsi une utilisation du macérât sur du long terme. L’huile d’olive, l’huile de tournesol, l’huile de pépin de raisin ou d’argan et d’autres sont souvent utilisées pour leur stabilité. L’oxydation du macérât crée un changement d’odeur qui peut aller jusqu’au rance. L’huile de sésame ou de chanvre rancissent plus rapidement et sont sensible à la chaleur.

Le macérât peut s’utiliser directement sur la peau ou alors on le transforme en baume !

Macérât, onguent, crème, baume ….quelles différences ?

Encore quelques définitions, j’adore savoir de quoi on parle !

Dans les trois préparations suivantes la cire est présente. Selon le pourcentage de cire la consistance sera différente. Pour choisir sa consistance pensez à sa température de stockage, au chaud la préparation sera plus fluide au frais elle sera plus ferme. Si vous voyagez il peut être préférable d’avoir une consistance plus ferme en cas d’un couvercle mal fermé. Le choix de la cire doit être en cohérence avec l’huile donc la qualité bio est un minimum. La cire contient beaucoup des résidus de la ruche il y a différente qualité et des zones de récolte différente sur les cadres. Si vous le pouvez demander des renseignements sur la méthode de traitement de la cire. La cire dans le baume va apporter du fondant. Pour l’application il faut masser la zone souhaitée et petit à petit la cire va avoir un effet chauffant très agréable. La cire de nos baumes vient de notre apicultrice bio et expérimentée à une dizaine de kilomètre de l'atelier, il est facile de se renseigner et de s'approvisionner.

Cire d'abeille bio et locale.

Macérât : on a bien compris que c’est une infusion de plante, pour obtenir une huile aux riches propriétés.

Le baume est donc un mélange de macérât et de cire avec en plus des composants aromatiques et volatiles comme des huiles essentielles type baume du tigre. 100% gras il ne risque pas de se développer de bactéries si les plantes utilisées étaient bien sèches.

L'onguent est de nature grasse, il est fabriqué uniquement avec un macérât huileux et de la cire d'abeille, qui est très grasse elle aussi. L’onguent va protéger et diffuser les propriétés de la plante en surface de la peau. Qu’il soit épais, ou liquide selon la dose de cire il sera fondant à l’application. Pas de risque de bactéries si les plantes du macérât étaient ben sèchent. Ce sont les produits contenant de l’eau qui sont plus à risque.

La crème est une émulsion entre un macérât huileux et une base aqueuse, le tout stabilisé avec de la cire d'abeille ou autre cire végétale. Elle est donc à la fois grasse et humide. La crème va donc plus nourrir et protéger la peau elle aura un effet plus en profondeur pour la peau. L’inconvénient c’est qu’avec l’humidité il y a risque de développement de bactéries, un conservateur est souvent nécessaire ou recommandé.

Ces définitions sont simples pour retenir de façon claire les principales différences.

Quels baumes pour quels usages ?

Le baume est un soin protecteur, nourrissant et réparateur, il est donc idéal pour les zones très sèches, mains, pieds, visage, cheveux, le plus classique étant le baume à lèvre. Voici quelques exemples de macérât, les plus connus et les plus utilisés dans le secteur de la cosmétique facile à transformer en baume :

Le macérât d'arnica (fleurs sèches) (nom INCI : Arnica Montana Flower Extract) est reconnu pour ses vertus anti-inflammatoires et cicatrisantes grâce à sa teneur en lactones sesquiterpéniques. Il permet ainsi de soulager les coups de soleil, brûlures superficielles, chocs, piqûres d'insectes, etc.... Son effet circulatoire en fait un ingrédient idéal pour diminuer la formation d'oedèmes ou d'ecchymoses. Il sert aussi pour détendre les muscles après une séance de sport et éviter les courbatures ou pour remédier à une articulation douloureuse, ou en prévention d'une activité musculaire intense. Cette pratique permet aussi d'alléger les jambes lourdes. Le macérât huileux d'arnica a également des propriétés antioxydantes conférées par sa teneur en oméga-6 et 9 et en polyphénols, protégeant ainsi la peau du vieillissement prématuré. Par ailleurs, son taux élevé de caroténoïdes lui prêtent un rôle photoprotecteur (protège du soleil).

En bref : Contusions, coups, bosses, hématomes (bleus), ecchymoses, œdèmes, jambes lourdes. Des contre-indications ? Ne pas utiliser sur des plaies ouvertes.

Baume de nos calendulas

Le macérât de calendula (fleurs de souci)  (nom INCI : Calendula Officinalis Flower Extract) convient surtout aux personnes à la peau sensible, irritée et sujette aux inconforts. Il s'avère essentiellement anti-inflammatoire et antioxydant, où s'ajoute à cela des propriétés apaisantes, nourrissantes, cicatrisantes et photoprotectrices. En effet, il permet d'agir sur tous les types d'inflammations cutanées, en lien avec son action apaisante. Par ailleurs, il limite aussi l'apparition de signes de l'âge avec ses vertus antioxydantes grâce à son taux élevé de caroténoïdes. Il lutte contre les radicaux libres, responsables de la dégénérescence cellulaire. En plus, grâce à la présence de flavonoïdes et de faradiol, le macérât huileux de calendula permet d'accélérer la régénération des cellules de la peau. Enfin, en raison de sa teneur élevée en acide oléique, il dispose aussi de propriétés nourrissantes, permettant ainsi d'hydrater les couches de la peau, et de lui redonner souplesse et élasticité.

En bref : Anti-inflammatoire puissant, cicatrisant et aseptisant, apaisant les irritations : gerçures, crevasses, engelures, petites plaies, psoriasis, eczéma, ulcère. Brûlures, coups de soleil. Douleurs, démangeaisons, urticaire, piqûres d’insectes. Peaux fragiles, sèches, rugueuses, qui tiraillent, peaux réactives.

Des contre-indications ? En cas d'allergie aux Astéracées, il est préférable par principe de précaution de ne pas l'utiliser.

Le macérât huileux de carotte, racines. (nom INCI : Daucus Carota Sativa Root Extract) est connu pour apporter un effet "bonne mine" et donc pour être un allié des peaux ternes et fatiguées. Grâce à la lutéine et aux bêta-carotènes (provitamine A), une substance colorante, qu'il contient, il donne un léger teint "bronzé" naturel à la peau et réveille ainsi les peaux ternes. Le bêta-carotène a également la capacité à stimuler la synthèse de mélanine. Sa forte teneur en actifs antioxydants lui permet également de protéger l’épiderme contre les agressions quotidiennes, de par leurs propriétés antioxydantes : il va capter les radicaux libres produits par les expositions au soleil et ainsi lutter contre les effets du vieillissement. En outre, il est apprécié par les personnes ayant des cheveux secs et frisés grâce à ses propriétés nourrissantes avec sa teneur élevée en acide linoléique et oléique. Cela permet aussi de renforcer le film hydrolipidique de la peau, évitant alors la déshydratation.

En bref : soin après soleil. Assouplissant, régénérant et apaisant.

Des contre-indications ? Il n'existe pas de contre-indications à l'utilisation cosmétique du macérât de carotte.

Le macérât de millepertuis, sommités fleuries fraîches. (nom INCI : Hypericum Perforatum Oil) soulage, répare et cicatrise les peaux abîmés et agressées, brûlures, coups de soleil, dermites, érythème fessier des bébés... Il permet aussi de limiter l'étendue des réactions inflammatoires. Le macérât de millepertuis se révèle être aussi anti-bactérien. Enfin, ce macérât est riche en oméga-9 (acide oléique), contribuant à maintenir l'hydratation de la peau.

En bref : les douleurs articulations, les brûlures, ou après le soleil

Des contre-indications ? Ce macérât huileux renferme des molécules photosensibilisantes, signifiant que l'exposition au soleil est formellement déconseillée suivant son application sous peine d'avoir des taches brunes.

Et encore d’autres… :

*Bellis (fleurs de Pâquerettes) : Tonique cutané, réparatrice, tenseur, galbant cou, buste et décolleté, restructurante et nourrissante.

 *Camomille romaine (fleurs sèches) : calmant cutané, inflammation du visage, couperose (rougeurs), piqûres d'insectes.

 *Laurier (feuilles fraîches morcelées) : soin de l’acné, des peaux grasses. En cas de refroidissement, en massage et pour soulager les rhumatismes.

*Mauve (fleurs) : peaux matures, peaux sèches et sensibles, couperose. Adoucissant.

*Rose (fleurs) : Rides, vieillissement, taches de vieillesse. Peaux déshydratées, dévitalisées, desséchées. Crevasses, dartres cicatrices, acné, couperose, eczéma, psoriasis.

*Lavande  (fleurs sèches) : calmant cutané, détente musculaire. Traditionnellement utilisé pour traiter les brûlures, l'eczéma, ou en massage du ventre en cas de crampes digestives

*Ortie (fleurs fraîches ou sèches) : reconstituant de la peau. Traditionnellement utilisé comme huile visage, corps (vergetures) et cheveux (force et vigueur)

Sources :

https://www.typology.com/carnet/qu-est-ce-qu-un-macerat-huileux

https://www.altheaprovence.com/onguent/#:~:text=Un%20baume%20d%C3%A9gage%20d'intenses,la%20fois%20grasse%20et%20humide.

Baume mis en pot

Pour conclure, si vous avez tout bien lu vous savez que je n’ai pas fait un baume mais un onguent ! Pour le grand public le terme « baume » est mieux identifié, on sait à peu près ce que c’est. C’est pour cela que j’ai choisi ce terme même si je ne mets pas d’huile essentielle dans mes produits.

Les baumes sont très précieux car actifs grâce aux plantes dont on extrait les vertus. Ils vont s’appliquer sur de petites zones avec une petite quantité de baume. Il est préférable de ne pas mélanger un peu de ça avec un peu de ci au risque de multiplier les éléments actifs et peut-être provoquer des effets contradictoires. Tout comme les huiles essentielles il faut rester raisonnable et simple. Les baumes ne vont pas guérir quoi que ce soit mais soulager, améliorer, détendre … mais il s’utilisera en complément de soin pour les effets indésirables dû à une maladie.

Choisissez vos baumes en lisant bien les étiquettes et n’hésitez pas à poser des questions si vous avez un vendeur face à vous. Les plantes sont formidables et ont énormément de propriétés et d’usages, on ne peut pas tout savoir mais on peut se cultiver.